Interview – Margot Galpin I ) Rencontre : Qui es-tu ? Bonjour Margot, peux-tu te présenter en une phrase (âge, ville, métier)
Calculer l’empreinte carbone de son entreprise ?
L’approche par le développement stratégique
Les émissions de Gaz à Effet de Serre (GES) représentent le principal facteur de réchauffement climatique. D’aucuns nous rappellent régulièrement (et ils ont raison de le faire) qu’elles sont loin d’embrasser tout le spectre des impacts négatifs de l’homme sur l’environnement, mais elles ont au moins le mérite d’attirer l’opinion publique sur un enjeu clair et de fournir des indicateurs permettant de mesurer le poids des actions positives et négatives des différents acteurs économiques. De ce point de vue, elles sont aujourd’hui un élément incontournable du développement stratégique des entreprises.
L’outil le plus courant pour mesurer les émissions de GES liés à la fabrication d’un produit ou à l’activité d’une entité humaine est celui du bilan carbone. Il rassemble les six principaux gaz à effet de serre que sont le dioxyde de carbone (CO2), le méthane, le protoxyde d’azote, l’hydrofluorocarbure, le perfluorocarbure et l’hexafluorure de soufre. Gaz dont les émissions sont mesurées en « équivalent C02 » afin de disposer d’un indicateur global.
Le bilan carbone doit donc être envisagé comme un moyen pensé d’emblée pour l’efficacité et la sensibilisation.
La diminution de notre empreinte carbone n’est pas une panacée. C’est une évidence. Mais elle est un enjeu central dans le réchauffement climatique et sûrement celui qui offre le plus d’opportunités de coordonner l’ensemble des efforts individuels.
D’un point de vue sociétal, elle est ainsi le meilleur outil pour exprimer l’impact de chaque activité économique sur le bien commun et donc l’avenir de tous. Or, les gestes individuels des citoyens sont loin d’être suffisants pour satisfaire à nos objectifs de réduction du réchauffement climatique.
Cette infographie de novethic.fr rappelle ainsi que, même dans le cadre d’un scénario de comportement « héroïque » des particuliers, la transition environnementale ne pourra se passer de changements au sein des entreprises :
Placer le bilan carbone au cœur de nos réglementations économiques et de notre manière de « faire du business » est indispensable si l’on veut réellement se donner les moyens d’agir sur le réchauffement climatique.
Or, les entrepreneurs ont tout à gagner à prendre eux-mêmes le taureau par les cornes, en accordant à leur empreinte carbone la place qui doit lui revenir.
Pour quelles raisons le bilan GES est-il un axe fort de développement stratégique pour une entreprise ? En voici déjà quatre…
✅ Parce que c’est obligatoire (dans certains cas)
Je vous le concède, cette première raison, je ne suis pas allé la chercher sur les cimes de la réflexion, mais le fait est que les entreprises françaises sont soumises à des obligations relatives à leurs politiques environnementales. Ces obligations se traduisent essentiellement dans la RSE et le bilan carbone.
Depuis 2010, l’article 75 de la loi N° 2010-788 (loi du Grenelle II) impose aux organisations publiques et privées de mesurer (et, si besoin, réduire) leurs émissions de GES. Cela concerne :
- Les entreprises privées de plus de 500 salariés
- Les établissements publics de plus de 250 personnes
- Les collectivités de plus de 50 000 habitants
- Les services de l’État
En l’occurrence, le bilan carbone est à renouveler tous les quatre ans et à publier sur la plateforme de l’Ademe, sous peine d’encourir une amende de 10 000 € (ou 20 000 € pour les récidivistes) en cas de manquement à ce principe.
Compte tenu de la taille des entreprises concernés, on aurait pu imaginer une sanction plus dissuasive, mais l’amende, initialement fixée à 1500 €, a déjà été revue à la hausse en 2019. Il n’est donc pas à exclure qu’elle soit encore réhaussée dans les années à venir, perspective qui devrait encourager les entreprises à prendre dès maintenant la bonne habitude de déclarer sérieusement leurs émissions.
Sans compter que, ces déclarations étant librement accessibles au public, elles sont amenées à occuper une place de plus en plus importante dans l’image de marque et les valeurs véhiculées auprès de clients potentiels.
Quel est par exemple l’impact de l’infographie ci-dessous pour les banques concernées, à l’heure où on nous annonce que l’environnement est devenu la première préoccupation des Français en 2019 ?
Aujourd’hui, le développement durable n’est plus une simple contrainte pour les entreprises : il est un moyen de répondre aux attentes du marché et, parfois, une source potentielle de perte de terrain sur ce marché.
✅ Parce que cela permet de rendre ses politiques environnementales réellement efficaces
Réaliser le bilan GES de son entreprise, c’est cerner avec précision ses différents facteurs d’émissions et quantifier le volume de gaz à effets de serre que produit chacun d’entre eux. C’est donc se donner les moyens d’élaborer une représentation complète de son empreinte carbone, étape indispensable à sa réduction.
En effet, il est de plus en plus facile de s’informer sur le bilan carbone des différents secteurs d’activités et des différentes sources d’émissions de GES dans la vie d’une entreprise, mais chaque entreprise est différente et rien ne vaut une information propre à chacune d’entre elles.
Parmi les éléments mesurés par le bilan carbone, on trouve notamment :
- La quantité d’énergie utilisée directement par la société
- Le fret des matières premières (poids, distances, mode de transport…)
- La fabrication de ces matières premières
- Le transport des salariés et des clients
- La construction des bâtiments occupés par l’entreprise
- Le destin des déchets générés
- La consommation énergétique et les émissions engendrées par l’utilisation des produits ou services commercialisés sur le marché
Il s’agit donc d’une opération complexe, dont la réalisation nécessite soit d’être formé par l’Association Bilan Carbone, soit de faire appel à un prestataires spécialisé.
Le but pour un chef d’entreprise ?
Gagner en efficacité dans ses politiques environnementales et être en mesure d’adapter ses choix en la matière à la réalité de son activité. Pour réduire leur empreinte, certaines entreprises auront par exemple intérêt à travailler sur le cycle de vie de leurs produits, quand d’autres auront une marge de manœuvre plus importante sur leur logistique ou sur les performances de leurs équipements.
Encore faut-il, bien sûr, que cet objectif soit réel pour les entreprises et non un moyen de se dédouaner à peu de frais dans l’opinion publique de leur impact négatif sur l’environnement…
Le cas échéant, toute entreprise a un intérêt à établir son bilan GES, pas uniquement celles à qui la loi l’impose, car un plan efficace de réduction des émissions passe inévitablement par une phase préalable de collecte et d’analyse des données.
Et pour les entrepreneurs qui ne savent pas par quel bout prendre le problème ou qui ont le sentiment qu’une politique environnementale est nécessairement une démarche complexe réservée aux grands groupes, « We don’t have time » propose un service dédié de feedback !
✅ Parce que cela aide à anticiper sa vulnérabilité à l’égard des prix de l’énergie
Analyser ses postes de consommation énergétique, comme le prévoit la méthode « Bilan Carbone », c’est obtenir une vision claire de sa dépendance aux différentes sources d’énergie. Or, sauf à s’autoalimenter en énergies renouvelables, la fourniture en énergie a un coût, indexé sur un prix de marché sur lequel l’entreprise n’a presque aucun pouvoir.
Certes, le bilan comptable permet normalement de chiffrer ce coût, mais, contrairement au bilan carbone, il ne permet pas d’en saisir tous les tenants et aboutissants, ni de l’envisager dans la perspective économique du réchauffement climatique, qui a tendance à exercer de plus en plus de pression sur le prix des énergies.
Plus on se rapprochera des seuils de disponibilité des énergies et de soutenabilité de nos activités, plus les fluctuations de prix seront importantes. De fait, les marchés de l’énergie sont appelés à devenir de plus en plus instables au cours des prochaines années.
Quantifier avec précision l’influence des prix de l’énergie sur les résultats financiers de son entreprise permet donc d’optimiser sa stratégie de développement sur le long terme.
N’est-ce pas la principale motivation de la vague récente de grandes entreprises qui affichent leur objectif de neutralité carbone, voire d’émissions négatives ?
Microsoft, par exemple, a récemment annoncé la création d’un fonds d’un milliard de dollars pour travailler sur cette question. Or, si les GAFAM étaient vraiment sensibles au sort de la planète, ne s’en seraient-ils pas souvenu au moment de décapiter les montagnes Appalaches pour en extraire le charbon ?
✅ Parce que cela mobilise ses collaborateurs
Une des convictions fortes de We Act 4 Earth est que la mutualisation et la coordination des efforts individuels permettra d’obtenir de bien meilleurs résultats que leur simple addition. Collaborons pour augmenter les conséquences positives de nos actions individuelles : c’est notre leitmotiv !
Et cela vaut d’autant mieux au sein d’une entreprise que celle-ci est animée par une politique sociale et environnementale cohérente.
La foi dans le capitalisme a du plomb dans l’aile un peu partout dans le monde :
De ce point de vue, une entreprise qui est capable d’insuffler la conviction d’une démarche socialement utile parmi ces employés se donne réellement les moyens de faire coïncider son intérêt économique avec leurs valeurs et leurs motivations.
Une politique solide de réduction des émissions GES est un moyen sûr et rapide de créer une dynamique positive au sein d’une entreprise. Dynamique positive pour la planète, certes, mais aussi pour la vigueur de l’entreprise !
Il n’est qu’à voir, pour s’en convaincre, le succès rencontré par les labels d’entreprises responsables : B Corp, Label Lucie, Entreprises à Mission, etc.
Le développement durable est un puissant levier de mobilisation et d’efficacité économique. Là se trouve, à n’en pas douter, la clé d’une transition environnementale réussie.
Article illustré par Estelle Chambon, Steliegraphie.
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